Qu'est qu'un média communautaire ?

Publié le par Jean-Christophe Despres

Le développement des médias communautaires est encore trop souvent vu par les journalistes comme par les annonceurs, porteurs d'un message d'enfermement plus que vecteurs d'universalité. Pour autant, l'analyse des comportements médias des personnes considérées comme des minorités relève avant tout d'un intérêt pour des problématiques spécifiques plus que d'une volonté de rester "entre soi". Pour preuve, le média internet, très dynamique sur cette cible car très "démocratique" et présentant peu de barrières à l'entrée , démontre l'intérêt  premier pour des  liens affinitaires concrets plus que pour des thématiques purement ethno-raciales ou religieuses.
Si on prend pour exemple, les populations noires, on peut voir dans le graphique ci-dessous que grioo.com (en vert), site généraliste s'adressant à l'ensemble de la "communauté", est beaucoup moins consulté que zouker.com (en bleu), site à thématique musicale s'adressant en priorité à des internautes afro-caribéens ou que seneweb (en rouge), site de la diaspora sénégalaise. Bien entendu, les médias purement thématiques, comme Latina en radio, ont plus de chances d'attirer une audience extérieure au coeur de cible mais cette raison est loin d'être la seule.

Ainsi, beurfm.net, site de la radio pionnière de la "communauté maghrébine" ou oumma.com, site d'informations sur l'islam ont a priori plus de chances de générer de l'audience qu'un support s'adressant aux Marocains résidant à l'étranger. Non seulement, la taille de la population intéressée est potentiellement plus importante mais le focus mis, dans la presse généraliste, sur les sujets relevant de l'islam ou de "l'intégration" élargit la taille des publics cible. Et pourtant, yabiladi, en bleu sur le graphique ci-dessous dépasse de loin l'audience de beurfm.net ou oumma.com.
Communautarisme direz-vous ? En navigant sur le site, vous constaterez qu'on y parle plus du Maroc que de sa diaspora. Il s'agit donc, en premier lieu, de suivre l'actualité politique, économique et sociale de son pays d'origine, un peu comme on l'a vu avec seneweb pour les Sénégalais.



La notion de communauté doit-on être considérée en termes de communauté d'intérêt que de communauté identitaire. Elle constitue un enrichissement, une demande spécifique à laquelle ne peuvent répondre des médias "de niche" comme il en existe sur la mode, l'automobile ou la décoration...
Cette diversité de canaux d'information peut aussi être une source d'inspiration pour les médias dits généralistes qui ne s'adressent peut-être pas à tous les publics comme ils le prétendent souvent.

Publié dans sopi

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